Le chevalier Aegir se trouvait alors dans son palais et quartier général de la planète « Un Chat ». La nuit était déjà tombée, et la Pleine Lune projetait des lueurs et ombres que tout le monde admirait, mais dont personne ne s'était encore tout à fait habitué.
Je marchais d'un pas rapide sur le dallage de pierre noire de Vocliv en consultant sur mon bloc de données les rapports concernant la progression des aménagements en cours destinés à mettre fin à la crise énergétique qui sévissait durement sur les colonies.
En bifurquant dans la salle de réunion du conseil, je faillis me heurter à une silhouette : Un jeune enseigne se tenait là au garde à vous. Surpris, je l'observais, il s'agissait d'un enseigne du service des transmissions ainsi que le signifiait son insigne représentant un bâton à chaque bout duquel se trouvait une hémisphère (certains historiens-archéologues prétendent que cela symboliserait un des premiers outils de télécommunication de l'ère pré-spatiale). L'enseigne était pâle, une goutte de sueur perlait sur sa tempe. « Est-il possible que mes hommes me craignent autant que Grand Amiral Thrawn est craint par les siens ? » me demandais-je ?
« Alors ? » lui demandais-je sévèrement ?
« Chevalier Aegir, nous venons de recevoir une transmission de l'état-major de Kha Lys »
« Et alors enseigne ? Quel est le contenu de ce message ? »
« Je l'ignore chevalier, il s'agit d'une transmission personnelle, vous seul en possédez la clef de chiffrement.
« Allons voir cela, d'urgence »
Lors du répis de quelques secondes dans le turbo-lift, j'ai eu le temps de m'inquiéter brièvement. Certes ! Des communications personnelles j'en avais déjà eues, par exemple avec le Seigneur Altaryon. Mais là il s'agissait d'une communication personnelle de l'état-major !
Promptement je m'installe devant une console de la salle de transmission, et y insère ma carte de données contenant ma clef privée.
« Emetteur+:+Gersen++++Sujet+:+Proposition.... »
Je continuais ma lecture, ébahi, de ce message complètement inattendu.
Bien sûr, il me paraissait évident et prévisible qu'Altaryon accède aux plus hautes responsabilités de l'alliance. Je m'y étais toujours attendu, mais Alty avait assumé ses rôles avec un tel panache, une telle exactitude et infaillibilité, que naïvement je n'avais jamais imaginé qu'il puisse un jour ne plus être Seigneur de l'épée !
Un Croiseur fut affrété en urgence pour me rendre à l'état-major de Kha Lys. En pénétrant dans la salle du commandement général, je fus frappé par sa sobriété toute militaire qui contrastait énormément avec le holos que j'avais vues de la salle de réception des Maîtres Dragons.
Les Maîtres Gersen et Altaryon étaient là à m'attendre.
Je m'agenouillais devant le Maître Altaryon. Il leva d'une main la monstrueuse épée dont la poignée était un dragon sculptée dans un bloc de freiss massif. Aucun être humain normalement constitué n'aurait pu ne serait-e que la soulever sans les deux mains pensais-je. J'inclinais la tête en espérant intérieurement que le Maître Altaryon soit capable de manier une épée aussi bien qu'il avait l'habitude de manier les vaisseaux de bataille.
« Chevalier Aegir, nous vous confions la tâche de Seigneur de l'épée »
Le plat de l'épée ne fit qu'effleurer le sommet de mes cheveux. Mais la charge de ces paroles prononcées d'une voix forte écrasait déjà mes épaules.